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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

© Copyright 1996         

UNE VIE NOUVELLE

CHAPITRE SEPT

     Au jour convenu Yèm Say arrive au Vancouver Museum juste quelques minutes avant l'heure. Dès qu'il traverse le parking et le jardin frontal, le néo-Canadien voit que l'appréhension de son bon ami était injustifiée. Beaucoup de voitures, beaucoup de monde. Aussitôt un spectacle folklorique est présenté, dans le hall d'entrée même. Ça va être un concert de percussion exécuté par des artistes des deux sexes, habillés de noir, l'air rigoureux, martial. Dans la première rangée, assise, les petits tambours. Les intermédiaires sont dans la rangée centrale également assise. Enfin les plus gros tambours forment un arc de cercle tout en arrière, servis par des musiciens debout, en position de karatéka. Une uniformité cependant: aucun instrument n'est joué à main nue, chaque artiste tient deux baguettes de taille appropriée. Et qu'est-ce que les tambours sans les cymbales et les clochettes? Celles-ci, en très petit nombre, seront jouées en alternance avec les tambourins. Le concert commence par des incantations rythmées. Puis un à un, les parois de cuir tendu vibrent sous le choc des tiges de bois. Les tons se combinent, les intensités se succèdent, les mouvements se complètent. Débutée par le mystère, la musique tourne à l'inquiétude puis devient l'excitation, l'emballement, pour finir dans la joie propagée par les notes aigües d'une flûte traversière.

     Le public est ensuite invité à écouter quelques discours dans le grand salon. Parmi les personnalités qui attendent près de la tribune, Say reconnaît un homme de grande taille, au moins 1 m 90, crâne et front dégarnis, moustache brune, lunettes à montures or, tempes sel et poivre: le premier ministre de la Colombie-Britannique, Mike Harcourt. Dans son allocution, l'homme d'État souligne la cinquantième anniversaire de la loi des mesures de guerre décrétée par Ottawa en février 1942: plus de vingt mille Canadiens d'origine japonaise furent déplacés de la côte vers l'intérieur des terres. Le premier ministre assure ensuite que tant et aussi longtemps qu'il est au pouvoir, il veillera à ce que des choses semblables n'arrivent plus aux citoyens de sa province. Ensuite la vedette de la journée, Tamio, bébé en déportation, reporter-photographe, prend la parole. Tout comme il fait varier ses coups de raquette, il est d'une prose extraordinaire. Yèm Say, avec son anglais moyen, essaie de suivre tant bien que mal le long discours de son compagnon de jeu. Vers la fin, des organisateurs commencent à aligner sur une longue table des plateaux de mets japonais: du sushi! Enfin arrive la cérémonie d'ouverture du tonnelet de saké. Seules trois personnes y participent: le maître de cérémonie, le premier ministre et Tamio munis chacun d'un marteau en bois. Ils ne feront pas moins que de défoncer le couvercle du tonneau. Après avoir récité en choeur une formule en japonais, les trois officiants tapent d'un coup sec sur le couvercle. À ce moment-là Mike Harcourt devient lui-même et fait rire tout le monde en martelant à trois reprises la planche de bois.

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