Réformer le bouddhisme khmer    
 
   
 


Introduction : Lettre ouverte aux bonzes cambodgiens
parue dans Le Devoir  du 21 avril 2000
        Vénérables,

          La télévision vient de montrer des images terrifiantes de la famine en Éthiopie. Ces images rappellent en tout point celles de nos compatriotes qui venaient d'échapper en masse à la cruauté khmère rouge, en 1979. Peut-être certains d'entre vous avez fait partie de ces survivants.

          Bouddhiste moi-même, je sais que vous avez choisi d'être bhikkhu c'est-à-dire d'être mendiants. Mais nous savons tous qu'au cours des siècles, notre société avait édifié une église bouddhiste khmère qui était loin d'une assemblée de mendiants mais qui ressemblait plus à une confrérie de privilégiés bien nourris, bien logés, bien respectés et bien alphabétisés. Vous avez certes vos devoirs de piété mais vous ignorez que vous preniez de la société plus que vous ne lui en donniez. Je ne parle pas du mérite dont on bénéficiera dans la prochaine vie, récompense des bonnes actions du présent, j'y crois toujours. Mais je veux remettre en question la notion de "faire du bien" telle que nous, bouddhistes cambodgiens, l'avons comprise et pratiquée jusqu'à maintenant (thveu bonn). Toutes nos offrandes de nourriture et de billets de banque vont aux bonzes. Toutes nos collectes d'argent, de vêtements, d'ustensiles de cuisine vont aux pagodes. À Phnom Penh, les moines bouddhistes avaient leur hôpital. Mais y avait-il eu de levée de fonds pour les lépreux de Traeung ? Non. Les religieuses bouddhistes cambodgiennes soignaient-elles les malades ? Non. Y avait-il eu don d'argent, de vêtements, de meubles aux sinistrés de tel incendie à Tuol Tapoung ? Non. Y avait-il eu appel à la générosité pour les familles des pêcheurs victimes d'un typhon à Kèp et à Kampot ? Non, les gens de Phnom Penh et de Battambang ne savaient même rien du typhon. Alors, pour augmenter la solidarité sociale entre Khmers, je crois qu'une réforme en profondeur de la pratique du bouddhisme cambodgien est nécessaire.

         En attendant cette réforme et à l'occasion de la prise de conscience mondiale de la famine en Éthiopie, j'invite tous les bonzes cambodgiens à faire appel aux fidèles de leurs pagodes pour qu'ils participent financièrement aux secours organisés par diverses institutions. Les dizaines de milliers de Cambodgiens vivant en Occident, dont beaucoup ressemblaient en 1979 à ces malheureux Éthiopiens, devaient une fière chandelle à la solidarité internationale et ont un devoir de gratitude en aidant à leur tour les sinistrés d`Éthiopie.

                                                                                                            Montréal, le 10 avril 2000
                                                                                                                      Nearovi PEN
                                                                                         Ancien président de la Communauté Khmère du Canada
 

LES SIX
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(suite)
PEN Nearovi, Montréal, Québec, Canada
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