Comment reconstruire le Cambodge... et le Canada

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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

DÉSILLUSION

Ainsi Say et Monty, depuis leur retour de Calgary, apprenaient ensemble à manier la raquette. En autodidactes, lisant des bouquins empruntés des bibliothèques, frappant la balle contre le petit mur de soutènement du parc ou les murs des écoles du voisinage, se faisant des duels sur des terrains gratuits ou à péage, selon les disponibilités. Sans les plaintes des tissus musculaires, ils auraient joué quatre heures par jour, sept jours par semaine.
- T'es devenu trop fort pour moi! constate la femme. Ça m'intéresse pas de perdre tout le temps! Qu'en dis-tu si on joue séparément, chacun avec un partenaire de même calibre?
- Bonne idée! s'empresse Say d'approuver. J'allais justement te proposer la même chose! On regardera les affiches au kiosque du gardien!
Les affiches sont celles des chercheurs de partenaires. À partir de cette saison, Yèm Say joue avec André Tremblay, physiothérapeute à temps partiel au Centre hospitalier des convalescents voisin du parc Kent, qui cherche un joueur régulier pour tous les mercredis à midi, à l'heure qu'il quitte son travail. Le Québécois et le couple sont vite devenus des amis, s'invitant à table, échangeant des cadeaux.

* - Holà, là! Regarde-moi cette gueule! s'exclame Monty devant le poste de télévision.
- Quoi? questionne Say en sortant de la cuisine.
- Howard Pawley. Il en fait une à Brian Mulroney!
- Ben! Il ne peut pas lui sourire après ce qu'a fait Ottawa au Manitoba!
Tout le mois de novembre l'actualité est dominée par la dispute Manitoba-Ottawa-Québec. À l'appel aux soumissions pour l'entretien des chasseurs CF-18 de l'armée de l'air canadienne, la firme Bristol Aerospace de Winnipeg a offert un prix plus bas mais c'est la société Canadair de Montréal qui obtient le marché. La différence des prix de soumission n'est pas énorme et Ottawa a avancé des arguments d'ordre technologique. Une polémique s'est déchaînée. Bien entendu, les autres groupes d'intérêts dans les deux cités concurrentes ne sont pas restés silencieux:
"Montréal c'est spatial!" a affirmé l'homme d'affaires Pierre Péladeau.
- Probablement, continue Monty, le gouvernement Mulroney veut apaiser le Québec après la nuit des longs couteaux.
- La nuit des longs couteaux?
- Celle où Trudeau s'était passé de l'avis du Québec et obtenait l'accord des neuf autres provinces pour rapatrier la Constitution.
- C'était en 1982 alors?
- Oui, 81-82. En avril 1982, la reine est venue signer l'Acte de rapatriement. Sais-tu ce qui m'a frappée lors de cette cérémonie? C'est quand Elizabeth II, après avoir signé, tendait amicalement le stylo à Pierre Trudeau, presque entre copains!
- Moi, se souvient Say à son tour, ce que j'ai vu de drôle s'est passé en 1977 quand, en l'honneur de la reine venue prononcer le discours du trône, on donnait une réception dans un chalet de montagne. Le premier ministre fédéral était debout devant l'entrée, accueillant les autres premiers ministres. Descendant de sa voiture, René Lévesque lançait quelques mots aux journalistes sans regarder Pierre Trudeau et montait l'escalier. Trudeau dit alors: Tu peux me dire bonjour! Et le premier ministre québécois s'exclama, faisant le surpris: Oh? Oh! Ooooh! puis revint serrer la main de l'hôte. Même à la télévision on entendait rigoler les gens de la presse!
Monty rit et revient sur les CF-18 et les relations fédérales-provinciales:
- Ce qui est navrant dans cette affaire c'est qu'on ne peut pas contenter les uns sans mécontenter les autres!
- Déjà les provinces les plus défavorisées clamaient que les plus gros morceaux n'allaient qu'à l'Ontario et au Québec.
- En tout cas, conclut Monty, Mulroney a fait au moins un politicien content!
- Ouais! Robert Bourassa!

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LES SIX
COMMANDEMENTS

REFORMING
OUR BUDDHISM

PEN Nearovi, Montréal, Québec, Canada
(nearovi@sympatico.ca)