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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

© Copyright 1996         

DÉSILLUSION

CHAPITRE SOIXANTE-QUATRE

     - Bonjour, mademoiselle!
     C'est le colonel T., au téléphone. Monty l'aime bien et est devenue une amie de toute sa famille. La soixantaine bien sonnée, il est originaire du Kampuchea Kraum et comme le père de Monty, T. est un homme de métier, un officier sorti des rangs. Engagé dans les troupes parachutistes coloniales françaises en Cochinchine ¹ , il gagnait ses galons sous le feu du Vietminh et à coups de formation continue. Versé dans l'Armée royale khmère (ARK), il fut le premier instructeur qui formait le 1er bataillon parachutiste cambodgien. Faits d'armes au Cambodge: Commandant une troupe d'infanterie, il pulvérisa un tank sud-vietnamien (de Ngo Dinh Diem) avec un canon de 105 mm à tir tendu. Contre l'alliance vietcong-nord-vietnamienne-khmère rouge, sa garnison de Krèk, dans la province frontalière de Kampong Cham, était toujours assiégée mais jamais tombée. Avec le capitaine de vaisseau S. qui réside à Toronto, le colonel T. est l'un des deux seuls officiers supérieurs khmers vivant au Canada.
     - Mademoiselle, continue T. après les banalités d'usage. Je ne sais pas pourquoi, mais ils n'ont pas cessé de me suivre! Ces derniers jours ils ne m'ont pas lâché d'une semelle!
     Monty répond sans grande surprise:
     - Le premier ministre chinois, Zhao Ziyang, est en visite au Canada. Il viendra à Montréal.
     - Mais je ne fais pas de politique! proteste le colonel.
     - Vous êtes un militaire!
     Monsieur T. a compris. Les Cambodgiens ont une dent contre les Khmers rouges dont la grande protectrice est la Chine populaire. Ces Cambodgiens pourraient tenter une action d'éclat contre Zhao Ziyang en cette mi-janvier 1984. Les services secrets ne veulent rien laisser au hasard.
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¹ Au début de la colonisation, les Français s'installaient dans la partie sud du Kampuchea, le Kampuchea Kraum qu'ils rebaptisaient Cochinchine et qui était encore le théâtre de batailles rangées entre paysans khmers et immigrants illégaux annamites. La "pacification" terminée par les amiraux, l'Indochine française fut organisée en cinq États: La Cochinchine devenait une colonie. Les protectorats étaient le Cambodge, le Laos et l'Annam. Le Tonkin, vu sa frontière avec la Chine, avait un statut spécial. Quand la France voulut faire face aux guérilleros vietminh en ramenant le roi Bao Daï sur le trône annamite, Bao Daï posa une condition: lui donner la Cochinchine. La France s'inclina.

CHAPITRE SOIXANTE-CINQ

     Le 17 novembre 1985 à Fullerton, Californie meurt le maréchal Lon Nol ¹ . À l'instar de l'ancien premier ministre Penn Nouth ² , il est mort en silence. Sans rien laisser d'écrit comme mémoires, à la population khmère en général dont la destinée est lourdement affectée par leurs décisions, et à ceux en particulier qui auront un jour à s'occuper comme eux des affaires du pays.
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¹ Né en 1913 à Raung Damrei (Tay Ninh), ce Khmer du Kampuchea Kraum était l'un des hauts fonctionnaires civils nommés colonels ou généraux par le juvénile roi Sihanouk en vue de l'Indépendance, la première promotion d'officiers sortis de l'École militaire khmère (EMK) n'étant pas assez mature pour prendre en charge l'armée naissante d'alors.
     Les premiers cadets de l'EMK étaient recrutés parmi les jeunes (en fait, guère très jeunes) qui ont échoué au diplôme d'études secondaires du premier cycle! Honteusement, ni le haut commandement ni le gouvernement n'a songé à élever substantiellement le niveau de recrutement. Pendant la guerre 70-75, les volontaires préféraient s'enrôler dans la Marine ou l'Aviation où le niveau académique était plus avancé.


² Compagnon fidèle de Norodom Sihanouk, depuis le Royaume jusqu'à la prison virtuelle de Pol Pot.

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