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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

© Copyright 1996         

DÉSILLUSION

CHAPITRE SOIXANTE-DEUX

     À la frontière khméro-thaïlandaise un nouveau gouvernement du Kampuchea démocratique vient d'être constitué: le gouvernement de coalition tripartite (Sihanouk, Khieu Samphan, Son Sann). Il bénéficie évidemment du soutien de Pékin mais aussi des pays de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). Président du Front national de libération du peuple khmer (FNLPK) et premier ministre, M. Son Sann rend visite aux Khmers de Montréal. Après le départ de l'homme d'État pour Ottawa, Pong réclame une réunion de ses amis les plus intimes.
     - Alors on t'écoute? commence Say.
     - Je ne comprends pas! expose Pong. Vous vous êtes livrés à des activités patriotiques, vous avez voyagé de par le monde, vous avez même abandonné vos carrières, pour finalement rester à Montréal et n'adhérer à aucune partie cambodgienne!
     - Il veut savoir pourquoi on n'est pas membres du FNLPK! dit Monty à Voraine.
     - Une raison majeure m'empêche d'aller avec Son Sann, explique l'ex-président de la CKC. Il m'a dit, à Paris, qu'il connaît bien la politique, l'économie et la diplomatie mais qu'il ignore tout des choses militaires. Et non seulement cela, il semblait laisser entendre qu'il ne voudra rien savoir des questions de guerre et qu'il laissera ces dernières aux mains des soldats de métier. J'ai trouvé cette attitude inadmissible. Déjà en temps normal, les politiciens doivent contrôler les militaires. Dans tous les pays, le gouvernement élabore les politiques de défense nationale et crée l'armée pour défendre la patrie. Les soldats ne sont que des fonctionnaires, spéciaux certes, mais toujours des salariés de l'État. Or, dans notre cas, on veut libérer le Cambodge. Une guerre de libération nationale, et à plus forte raison une guérilla, c'est une affaire infiniment plus politique que militaire et exige plus un doigté de politicien, d'humaniste qu'une brutalité chirurgicale de militaire.
     - Il a quand même voulu vérifier si tu ne serais pas communiste ou socialiste! rappelle Monty à Voraine.
     - Oui! Il m'a demandé: Quel type d'économie répond mieux aux besoins de notre pays? Je lui ai répondu: L'économie de marché, un système libéral.
     - Et Sihanouk, qu'est-ce qu'il t'a dit à Radio-Québec? questionne Say. J'ai su qu'il a échangé quelques mots avec toi après l'émission?
     - Affirmatif! répond Voraine. Il s'est levé après avoir déclaré qu'il mit fin à sa tournée ¹. J'ai voulu le voir de près, alors je me suis approché de son chemin. Il s'arrêta devant moi et me dit: Vous savez? Si je me fais insulter comme ça de par le monde, c'est pour notre pays et notre peuple! S'il n'en tenait qu'à moi, je me serais retiré depuis longtemps! Je lui ai répliqué: Ce serait le plus beau cadeau que vous auriez fait à notre nation!
     Pong, satisfait des explications qu'on lui a données, enchaîne:
     - Vous savez? Cet après-midi-là, pour le faire changer d'avis, on a fait venir des pleureuses à son hôtel!
     - Des pleureuses?
     - Des pleureuses! Comme au bon vieux temps au palais royal! Ces dames, les mains jointes, s'agenouillaient devant Sihanouk, versaient de chaudes larmes et le suppliaient en sanglotant de rester au Québec et continuer son programme. Le prince fit alors rassembler ceux qui étaient prêts à l'applaudir et déclara devant les journalistes qu'il se ravisait et qu'il dînerait le soir avec le ministre de l'Immigration Jacques Couture et irait le lendemain saluer le premier ministre René Lévesque.
     - Son Sann aurait dû imiter ces pleureuses!
     Voraine laisse échapper une réflexion.
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¹ Cf. chapitre quarante-trois.

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