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UNE VIE NOUVELLE

CHAPITRE QUATRE

     Le 15 novembre, dans quelques jours, Nicky comptera l'argent d'une liasse de billets de vingt dollars et tendra sa part de loyer à Say. C'est ce qu'il a fait les deux fois précédentes. Pour quinze dollars l'heure il travaillait dur, se levant très tôt le matin, revenant hirsute et fatigué, les mains sales, les souliers poussiéreux, l'épaisse chemise à carreaux humide. C'est ce qu'a observé Say et c'est ce qui l'a trompé. Car cette nuit-ci Nicky a disparu de la maison. Avec armes et bagages. Les extrémités glacées par l'émotion, Yèm Say vérifie fébrilement ses affaires. Tout est en ordre. Tiens, tiens. Mais le salaud a laissé un message. Devant son fauteuil sans pied qu'il a ramassé près du dépôt d'ordures de l'immeuble, une petite caméra inutilisable semble en train de filmer quelque activité particulière dans le fauteuil. On ne peut plus clair. Nicky a envoyé sa facture à son co-locataire. Pour l'insulte. Le lendemain la police répond au téléphone que c'est une affaire civile, vu qu'il n'y a pas eu vol ou vandalisme, et qu'il faut aller à la cour des petites créances. À la cour on dit à Say qu'il faut trouver soi-même le fugitif, pardon! le défendant et lui remettre l'affidavit ainsi que la citation à comparaître,etc., etc. Yèm Say ne voit qu'une solution: continuer de plonger.