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FOLIE DES GRANDEURS

CHAPITRE TRENTE-CINQ

     Dans les journaux les offres d'emplois ne sont pas nombreuses. Bien qu'important Halifax n'est pas Montréal ou Toronto, il ne faut pas se montrer trop difficile. Monty entre dans un Centre de Main-d'Oeuvre du Canada (CMC), à quelques coins de rues de sa maison, et parcourt des yeux le tableau Hôtels, Restaurants, Alimentations.

     Le 1er juillet c'est la fête du Canada. Fille de soldat, Monty aime les choses militaires, les parades, les défilés, elle est donc dehors en ce matin ensoleillé. D'abord une prise d'armes dans un parc. Un amiral du Commandement Maritime devra y passer les troupes en revue. La fanfare et le détachement de marins (ou de soldats) sont déjà en place. À cette époque-là tous les militaires avaient le même uniforme kaki et le béret vert, il était difficile de distinguer le marin de l'aviateur et l'aviateur du soldat. Après une demi-heure d'attente, sous un soleil éblouissant, un marin pris de malaise tombe à la renverse, le corps tout droit, toujours au garde-à-vous. Deux infirmiers, sortis d'on ne sait où, le transportent à un point de secours. Enfin l'amiral arrive avec son cortège, dans une voiture battant pavillon rouge à étoiles jaunes en forme de feuilles d'érable. Aussitôt l'officier général debout sur l'estrade, le chef du détachement aboie un ordre:
     - General salute!
     Et la fanfare donne la musique. Monty se dirige ensuite vers le port où mouillaient pour l'occasion un sous-marin et un destroyer. Le sous-marin est seulement visible de l'extérieur mais le destroyer est ouvert au public qui vient en assez grand nombre.
     - Excusez! demande la Cambodgienne à un enseigne de vaisseau en faction près du bastingage. Ça veut dire quoi HMCS?
     - Her Majesty's Canadian Ship ¹!
     Le soir un spectacle divertissant est présenté dans un stade de hockey asséché. D'abord l'orchestre de la GRC. Du swing et du cha cha joués par des hommes et quelques femmes en uniforme.
     "Ça me rappelle l'orchestre Yothea Phirum!" se dit Monty.
     Ensuite les oreilles sensibles doivent s'accommoder un peu des mélodies assourdissantes mais toujours captivantes et mystérieuses des cornemuses. C'est impressionnant de voir défiler à pas lents ces hommes habillés de kilts et de bas de laine, portant qui des bonnets écossais, qui des bérets à pompon, d'autres des casques poilus. Enfin c'est une démonstration d'habileté, d'agilité, de vitesse, de force, bref de professionnalisme. Deux équipes de marins, en parallèle, se livrent des compétitions dans diverses disciplines. La plus spectaculaire est sans doute le montage-démontage d'un canon d'un endroit à un autre moyennant des cordes et des plans inclinés. Comme dans une bataille navale au temps des corsaires.

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¹ Navire Canadien de Sa Majesté.