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FOLIE DES GRANDEURS

CHAPITRE TRENTE-TROIS

     Ainsi, à la mi-juin 1978, l'aventurière khméro-canadienne débarque à l'aéroport de... Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard. À cela deux raisons. Primo elle veut qu'aucun Cambodgien ne la voie encore en Occident. Aucun. Ni Yèm Say ni Lundi ni les autres. Secundo son goût d'exploratrice. Les villes de l'Ouest canadien elle les a déjà vues, même seulement en passant. Monty prend une «chambre et pension» chez un couple de citadins et part à la découverte du centre-ville. Ce qu'elle voit la choque, elle qui a vu Toronto et vécu à Montréal.
     Charlottetown à ce moment-là a un restaurant chinois, trois ou quatre restaurants européens, quelques magasins de détail. Seulement trois ou quatre rues sont goudronnées, les autres sont en terre renforcée de pierres concassées, comme les rues des quartiers Tuol Tapoung et Bëng Keng Kâng de Phnom Penh. Le lendemain, c'est la visite du Centre de la Confédération pour les Arts, lequel commémore la Conférence de Charlottetown de 1864 qui menait à la création du Canada, le 1er juillet 1867. Ensuite c'est au tour de la Salle de la Confédération où avait eu lieu la réunion des Pères de la Confédération. Si la capitale provinciale est modeste, à la mesure du nombre de sa population, le Centre de la Confédération pour les Arts est à la mesure de son importance politique. Bâti en 1964 pour le centenaire de la Conférence, il est considéré comme une réussite architecturale.