Comment reconstruire le Cambodge... et le Canada

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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

FOLIE DES GRANDEURS

Le restaurant est dans le Vieux-Montréal. À voir la clientèle, ça doit être le lieu de rendez-vous de tous les journalistes. Monty reconnaît en effet quelques personnalités de la télévision montréalaise. On mange et boit modérément. Le sujet de conversation est le Canada, le Québec et le Cambodge. Le déjeuner fini on redescend à pied la rue en pente. Subsistent encore sur le trottoir quelques monceaux de neige, en cet après-midi de mai et la température est assez fraîche. Tout à coup on entend chanter Voraine inspiré probablement par le climat:
- Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'enfer!
Tout le monde sourit. D'un sourire triste.

* Quelques jours plus tard à la Cour de citoyenneté, côte du Beaver Hall à Montréal, Sam Monty prête serment et devient citoyenne du Canada, après quatre années de résidence.

* Après les nouvelles de la guerre entre communistes cambodgiens et vietnamiens, venaient celles des purges au sein des Khmers rouges. Des groupes de dissidents se seraient refugiés au Vietnam. Pol Pot aurait même envoyé des émissaires à Paris pour chercher des appuis. Le Kampuchea démocratique devait être sérieusement affaibli. Monty sent venir l'heure de l'aventure, le moment de se jeter dans l'inconnu: rejoindre un foyer de résistance à la frontière khméro-thaïlandaise. Elle vend sa voiture, ferme son compte en banque, confie une partie d'argent à Yèm Say qui n'est pas trop surpris quand elle lui annonce son départ, quelques heures seulement avant l'envol de l'aéroport de Mirabel.
- Je ne te retiens pas, dit l'homme. Mais tu n'es pas obligée de te sacrifier. Ce que t'as fait ici avec les autres c'est déjà beaucoup!
- Je sais! Mais j'ai envie de revoir les palmiers, d'entendre les clochettes des boeufs, de sentir l'odeur du foin brûlé. Peut-être je retrouverais ma mère et je la mettrais à l'abri à la frontière.
Monty répond en essayant de ramener les choses sur un plan plus personnel. Avant de s'engager dans le couloir d'embarquement, la femme remet à son ex-compagne une liste de codes très simples pour communiquer entre eux en cas de besoin d'argent, de difficultés, d'urgence, etc. On ne sait jamais. Puis les deux s'embrassent longuement, non pas en amants, non pas lèvres aux lèvres, même pas nez à la joue -à la cambodgienne, mais simplement poitrine à poitrine, en amis, deux compatriotes qui ont contribué ensemble à une cause. Et c'est le départ.

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LES SIX
COMMANDEMENTS

REFORMING
OUR BUDDHISM

PEN Nearovi, Montréal, Québec, Canada
(nearovi@sympatico.ca)