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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

© Copyright 1996         

FOLIE DES GRANDEURS

CHAPITRE TRENTE

     Depuis le mois de février à Montréal, l'Association est en effervescence. La fête de Nouvel An s'approche et l'on veut présenter un spectacle de choix. Avant on n'avait que cette danse des tambours, le chhayamm, hérité de l'Amicale des étudiants khmers qui fréquentaient alors l'Université Laval à Québec et l'Université de Montréal. Cette année le vice-président culturel, Kalenh, un immigrant venu de Paris, ancien de l'AGCAF, veut ajouter d'autres danses folkloriques au répertoire. Pong, qui joue à la flûte, vient en renfort ainsi que Say et Monty récemment rentrée de France.
     - Qui connaît l'origine du chhayamm? demande quelqu'un.
     - Avant c'était un orchestre militaire, répond Say. La clique qui faisait marcher au pas de défilé les troupes des rois d'Angkor. De nos jours l'orchestre est réduit à quatre ou cinq tambours, une cloche, une cymbale et deux instruments à corde: les vielles. Et les musiciens donnent en choeur la réplique au tambour-major sur des chants plutôt grotesques.
     Pong, sans se faire prier, se lève brusquement et chante en gesticulant, déclenchant l'hilarité générale:

Hayo! ma sakatt!
Hayatt ma saki!

Là où je suis,
Je vois tes fesses!
     - Sais-tu... au moins... ce... ce que tu dis... Ha... Ha... Hayo ma sakatt? s'enquiert Monty en se tordant sur le plancher.
     - Je ne sais pas! C'est de l'ancien khmer! avoue Pong.
     - Je ne suis pas sûr, essaie d'expliquer Say. Mais ma sakatt ressemblent à muoy sangkatt: une section, une colonne ou une rangée!
     - Okay! Okay! Les enfants! Répétons encore une fois le trott! rappelle à l'ordre le vice-président Kalenh.
     Le trott est une danse évoquant une histoire de chasse. Le chef de l'expédition conduit la charette. La meute des rabatteurs frappent le sol avec de longues perches munies de clochettes. Même les monstres mythiques s'enfuient, épouvantés, ainsi que les sorcières aux ongles aussi longs que les avant-bras. Les paons s'envolent mais les chasseurs n'en veulent pas, ne tuant que les cerfs à longues cornes avec leurs arbalètes.
     À la pause, on essaie encore une fois de remonter l'histoire:
     - Savez-vous qui est le premier Cambodgien qui ait jamais mis le pied au Canada? demande Monty à la ronde.
     - Non.
     - Je vous le donne en mille: le roi Norodom Sihanouk!
     - Pas vrai!
     - Si! Je l'ai découvert par hasard, à la bibliothèque. Je passais un microfilm du journal The Gazette, 1952. Et clac! La photo de Sihanouk! tout jeune, avec sa fille, la princesse Kapang. C'était la croisade royale pour l'indépendance. Il venait de Paris où le président français lui avait opposé une sourde oreille.
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