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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

© Copyright 1996         

FOLIE DES GRANDEURS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

     Quand l'autobus quitte Kansas City, Missouri pour Dallas, Texas, il est déjà près de 9 h du soir. La semaine dernière, à Montréal, elle a confié sa voiture à Yèm Say et acheté au Terminus Voyageur-Greyhound à la station Berri-de-Montigny, un forfait temporaire lui permettant d'aller n'importe où au Canada et aux États-Unis dans un délai de trente jours. De cette façon elle ne serait pas trop fatiguée pour discuter des problèmes patriotiques. Pendant la traversée de ce qu'elle croit être l'Oklahoma, Monty se réveille de sa torpeur et essaie de voir par les fenêtres. Par le pare-brise c'est toujours la chaussée éclairée par les phares du puissant poids lourd, mais rien de chaque côté des accotements. La nuit est trop noire. Tant pis! Elle ne verra pas ces lopins de terre poussiéreux ni ces "Okies" décrits par John Steinbeck dans Les raisins de la colère. Elle essaie donc de se rendormir, se disant que demain elle sera au Texas, terre de légendes où acquirent la gloire Pecos Bill, Davy Crockett, Cochise et Geronimo.
     C'est une voix haute parlant espagnol qui réveille la Khmère. Et ce n'était pas une conversation, c'était le conducteur de l'autocar qui annonçait les prochains arrêts ou quelque chose comme ça. On est au Texas! au milieu des Chicanos, les Mexicains américains. Le soleil est déjà haut dans le ciel et la température commence à grimper dans l'autobus. Monty regarde en rêvant la plaine, les vallons, les bosquets d'arbres rabougris, espérant voir, en vain, des cow-boys à cheval, des troupeaux de bétail, des ranches...
     À Dallas, son hôte, le président de l'association cambodgienne de la cité, la met en contact avec quelques hommes très jeunes, anciens résistants, qui l'entretiennent longuement sur la vie courante des combattants de leur maquis anti-khmers rouges. Tout en prenant bonne note des renseignements importants, la Montréalaise ne peut s'empêcher de remarquer que tout le monde dans cette grande ville texane a de l'air conditionné, dans l'appartement et dans l'automobile. Climat oblige.
     Le lendemain Monty est à Houston, chez le général S. qui a assumé pendant un moment la présidence intérimaire de la République khmère après le départ du maréchal Lon Nol, le 1er avril 1975.
     - Personne n'a pensé que Phnom Penh allait tomber de cette façon, assure le général S.. Pour faire partir le maréchal, on lui a dit qu'il fallait soigner son hémiplégie à Hawaï. À moi on m'a dit que mon départ n'était que provisoire, qu'il fallait visiter un navire de guerre. Personne ne songeait à s'enfuir, vous n'avez qu'à voir Sisowath Sirik Matak ¹.
     Après El Paso (sans voir le Rio Grande), le Nouveau-Mexique (dans la nuit) et les plaines arides parsemées de cactus (enfin! du Far West!) de l'Arizona, Sam Monty entre en Californie.

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¹ Cousin de Norodom Sihanouk. Principal instigateur du coup d'État du 18 mars 1970. Comme aux temps obscurs de la décadence de l'empire khmer, ce fut la rivalité entre deux membres de la famille royale qui a déclenché la Guerre du Cambodge (1970-1975). Avec toutes ses conséquences.

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