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IMMIGRANTE REÇUE

CHAPITRE DIX-NEUF

     - Buddham saranam gaccha mi ¹, récitait en pali le moine tibétain.
     - Buddham saranam gaccha mi, répétaient les prieurs cambodgiens.
     ...
     - Tutiyampi ², Buddham saranam gaccha mi, continua le moine.
     - Tutiyampi, Bud... répétèrent les Cambodgiens interrompus brusquement par le bonze:
     - Non! C'est moi qui dis tutiyampi, vous répétez seulement le reste.
     On faisait encore une autre couple d'erreurs avant que tout le monde se mit d'accord. La façon tibétaine de prier Bouddha ne ressemblait pas tout à fait à la façon cambodgienne. Monty se souvenait que son grand-père maternel lui disait que l'église bouddhique khmère permettait aux prieurs de "demander" seuls, sans bonze, les sila (enseignements). Par conséquent ils devaient savoir (et réciter) tout ce que les bonzes réciteraient. La cérémonie se passait chez Nguon pour transmettre des mérites aux ancêtres. Après la prière on fit des offrandes de nourriture au moine qui déjeuna seul, assis à l'indienne. Les autres, assis également sur le plancher, les jambes repliées sur un côté (et non à l'indienne), devaient attendre. Quand le vénérable a fini quelqu'un le raccompagna à son monastère. Les prieurs pouvaient enfin se mettre à table. Il y avait là le président de l'association, Voraine, un homme d'une trentaine d'années. Et un journaliste et ami, Jules Nadeau, venu avec sa femme et leur petite fille, désireux de connaître des Cambodgiens et leur façon de vivre. Était aussi présent Dara, ancien étudiant à Montpellier, France, lecteur friand de livres d'histoire politique. La plupart des lettres de la CKC parues dans la presse canadienne portaient son empreinte.