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      À la recherche d'une grammaire khmère
                                                                                             © Pen Nearovi, 1999

G6 - ADJECTIFS QUALIFICATIFS

        1) Adjectifs ou compléments du nom ? : Prenons le mot Kampuchea, équivalent du français Cambodge et désignant un pays. Quand le français dit "langue cambodgienne" nous disons "PHeaÇa  KHMèR", parce que "PHeaÇa  Kampuchea" ne sonne pas bien : un pays ne parle pas, seuls les gens du pays - les Khmers - parlent. C'est aussi un fait que nous ne fabriquons pas nos adjectifs par désinence (infixe) de substantifs sauf de rares exceptions : PHehh = Cendres , PRaPHehh = Gris .
        Pour qualifier un nom commun avec un substantif, nous plaçons donc simplement ce dernier à droite du premier : Toc  CHHeu (Table en bois), SPeaN  DèK (Pont métallique), MaCiN  PHLeuNG (Générateur électrique), MaCiN  TeuK (Pompe à eau), L /KHauN  LourNG (Ballet royal), etc. Ces deuxièmes substantifs sont appelés des compléments du nom. Nous ne pouvons pas les classer avec les adjectifs par nature mais nous remarquons que ces compléments servent très bien comme épithètes, à condition d'être le premier à suivre le substantif à qualifier et déterminer :  Toc  CHHeu  KHieV  THom  3  RoBaS'-KH/NHom  Nihh  SamRaaB' ... (Mes 3 grandes tables bleues en bois que voici servent à ...).

        Règle : On peut, sans exagération, réunir jusqu'à six qualificatifs et déterminants comme épithètes d'un substantif.
        Cependant, le qualificatif de nature substantive ne peut pas s'utiliser en attribut sans additifs appropriés : L /KHauN  Nihh  RoBaS'  LourNG (Ce ballet est au roi), MaCiN  Nihh  BauM  TeuK (Cette machine pompe l'eau), Toc  Nihh  THVeu  Pi  CHHeu (Cette table est en bois). On voit même que, placé en "attribut", le complément du nom est un véritable complément du verbe.

        2) Vérification : Il est facile de vérifier si un simple mot (ou un mot composé) est ou non un adjectif (par nature ou par emploi). En effet on a déjà vu (avec le verbe CHea) que les qualificatifs se comportent comme un verbe. Il suffit donc de mettre l'adjectif testé en mode interrogatif ou négatif :
        a) Dei-KHMao  PoaR , mot par mot Crayon Couleur . Tournons au négatif : Dei-KHMao  Nihh  MiN  PoaR  Té ; la phrase n'a pas de sens parce qu' ici Couleur est un complément du nom : Dei-KHMao  PoaR  =  Crayon de couleur . De même, dans KRaDaaS  PoaR (Papier coloré), PoaR n'est qu'un complément et garde toujours sa nature substantive.
        b) KHTorM  PoaR-SoR (Une paillote blanche) . KHTorM  PRaPHehh (Une paillote grise) . Les questions : KHTorM  Nihh  PoaR-SoR  Té ?  et  KHTorM  Nouh  PRaPHehh  Té ?  sont parfaitement compréhensibles parce que  PRaPHehh  est adjectif par nature et que les combinés PoaR-SoR, PoaR-LeuaNG, PoaR-KHieV, etc. sont assez fréquemment utilisés à la place de SoR, LeuaNG (Jaune), KHieV tout court, probablement par souci d'équilibre phonétique (deux syllabes au lieu d'une seule).

        3) Attribut, épithète, déterminant ? : Si le verbe d'état CHea est employé, on sait que l'épithète est à gauche du verbe tandis que l'attribut est à droite. C'est quand le verbe CHea n'est pas utilisé que le mot "déterminant" prend tout son sens :
        a) KanSèNG  Nihh  KRoHom (Ce mouchoir est rouge) :  KRoHom est attribut et est à droite du déterminant démonstratif Nihh .
        b) KanSèNG  KRoHom  Nihh  ToCH (Ce mouchoir rouge est petit) : l'attribut est maintenant ToCH et KRoHom devient épithète .
        c) KanSèNG  KH/Ñom  Nihh  Poar-SVaaY (Mon mouchoir que voici est violet) : La langue khmère permet l'emploi simultané des déterminants possessif et démonstratif .

        4) Le pluriel : Il est dénoncé par le sens de l'adjectif : Toc  Bei (Trois tables), Toc  KHLahh (Quelques tables), Toc  TarNG  Nihh (Ces tables), ou par la répétition des qualificatifs : Toc  THom  THom (Les grandes tables), ReuaNG  PHSéNG  PHSéNG (Diverses histoires).
        Un seul adjectif, modifié ou non, suffit à indiquer le pluriel, le parleur est libre du choix : Toc  TauCH  MeaN  Bei (Il y a trois petites tables), Toc  TauCH  TauCH  QMeaN  Té (Il n'y a pas de petites tables).
        La répétition (dédoublement) du qualificatif n'est pas généralisée et peut indiquer autre chose que le pluriel : ReuaNG   PHSéNG (Une histoire différente), PHSéNG  Pi (Différent de), CHumPouK  PHSéNG  PHSéNG (Diverses catégories). PoaR  SoR (De couleur blanche), PoaR  SoR  SoR (De couleur blanchâtre ; D'une certaine blancheur ; Plutôt blanc).

G7 - COMPARISON

        SaBBai  CHeaNG (Happier) . LohNH  Torm  CHeaNG  Lieng (Lohnh is bigger than Lieng) . Vea  CHea  QoMaRay  S/aaT  BomPHoT (She was the prettiest girl) . CHeaNG and BomPHoT are not mere suffixes and will be studied in Chapter H - Adverbs. But in the phrase  QMeaN  aaNaa  CHeaNG  aaNaa  Té  , the adverb CHeaNG plays the full role of a comparative (No one is better than another).  BomPHoT  HoeY !  (She's the most !).

G8 - VERBAL ADJECTIVES

        In the phrase  SoorN  CHehh  aaN , CHehh is a verb : Soorn knows how to read . But in this one : (SoorN  CHea  MoNooS  CHehh) , CHehh is a verbal adjective (Soorn is a clever man) and has all the attributes of an adjective.
        Example : SoorN  CHehh  CHeaNG  SuY (Soorn is smarter than Suy) .
        MoTo  MeerN  Qonk  Pee (Motor bikes have two wheels) ; Bill  MeerN  SMer  Bob (Bill is as rich as Bob) . aTTHaBoD  Nihh  PHooT  CHRurN (This text is lying a lot) ; SomDay  [Naa]  PHooT  MiN  L /aw  Té (Les paroles mensongères sont mauvaises) . Qom  MuoL-BongQeCH ! (Don't libel !) ; PeerK  MuoL-BongQeCH (Libellous statement) ...

G9 - TROV, ADJECTIF PARTICULIER

        Il est difficile de dire si ce mot est, par nature, un verbe (devoir), une conjonction (il faut que) ou un adverbe. Employé comme adjectif, en tout cas, il veut dire juste et a comme opposé KHoS (erronné). D'où les composés KHoS  CHBaaB (illégal), TRoV  CHBaaB (légal)   [CHBaaB = Loi, droit].
        Exemple : SamBoTR  èNG  KHoS  CHRaeuN  Nahh (Ta lettre a beaucoup de fautes). THVeu  YaaNG  Nihh  MiN  TRoV  CHBaaB  Té (Agir ainsi n'est pas légal) ... PoNTè  TRoV  CHeTR  aiNH (... mais me plaît)   [CHeTR = Sentiment, volonté] .
        Laissons tomber (TumLerK) d'une fenêtre un pot en direction d'une fleur dans la cour. Si le pot frappe la fleur (PHKaa) on dit : THLerK  TRoV  PHKaa . S'il rate la fleur c'est : THLerK  KHoS  PHKaa . L'adverbe TRoV non seulement qualifie le verbe THLerK (tombé) de "faire mouche" mais est aussi la préposition qui introduit la "victime" PHKaa . C'est dans ce sens qu'on forme des composés TRoV  KRoaB (blessé par balles), TRoV  MoaT (réprimandé oralement), TRoV  MuoY  Daii (atteint d'un coup de poing), TRoV  TauS (puni de, condamné à), etc.
        Exemple : Vea  TRoV  SNè  SRéi  MNeaK (Il est sous le charme maléfique d'une femme).  C'est aussi dans ce sens qu'on a traduit par BaaN  TRoV + VERBE + DauY la forme passive Avoir été + VERBE + par.

G10 - ADJECTIFS COMPOSÉS

        a) Deux adjectifs : Sor  SLaiNG (Blanc pâle), BaiiTaNG  KH/CHéi (Vert léger), LeuaNG  TouM (Jaune foncé) où KH/CHéi et TouM, en parlant de fruit, signifient respectivement vert et mûr. BaiiTaNG  CHaaSS (Vert foncé) où CHaaSS veut dire âgé, vieux. On peut dire aussi que le deuxième adjectif joue le rôle d'adverbe.
        b) Un substantif, un adjectif (ou adverbe) : CHeTR-L /or (Généreux, bon), CHeTR-aKRoK (Mauvais, cruel) . CHeTR-SRaaL (Susceptible), CHeTR-TH/NGuoN (Patient, miséricordieux) [CHeTR = Sentiment, volonté ; SRaaL = léger ; TH/NGuoN = lourd].
        KHaaNG-Leu (supérieur), KHaaNG-KRauM (inférieur), KHaaNG-KaeuT (oriental), KHaaNG-LeCH (occidental), etc. où KHaaNG signifie côté.
        PiNH-VuoNG (pleine [lune]), PiNH-CHeTR (satisfait), PiNH-aNG (plénière), PiNH-SaMaTTHaPHeaP (plénipotentiaire),PiNH veut dire pleinement, entièrement.
        c) Un verbe (ou adverbe), un complément : MeaN-BonN  =  Ayant la bénédiction  =  (Béni) . MeaN-PouT (Rusé), MeaN-QumNiT (Prévoyant), MeaN-CHeTR (Altruiste). CHoaB-QuK (emprisonné), CHoaB-AnTairK (piégé), CHoaB-PuNDH (redevable, taxé),CHoaB veut dire collé, fixé . BaaN-CHeTR (enorgueilli), BaaN-SamDéi (fort en gueule), BaaN-KaaR (débrouillard, efficace), BaaN-Taè-MoaT (bruyant mais inefficace).
        aT'-CHeTR (égoïste), aT'-PRaYauJJ [eTT-amPeu] (inutile), QMeaN-SamNaaNG (malchanceux), aSS-SangKHiM (désespéré), CHaoL-MSirT (imbécile), MeaN-MSirT (futé), HourS-CHeTR (déconcerté) ...
        d) Locutions archaïques : Employées seulement en épithètes : X  CHea  Ti  QoRouP (Respecté[s] X ), X  CHea  Ti  SNèHaa (Bien aimée X ), X  Da  ouDDaM (Excellent X , X si excellent), X  Da  KHPuoNG-KHPuoS (Glorieux X , X si glorieux).

G11 - ADJECTIFS PRONOMINAUX

        Participes passés de verbes pronominaux ou résultats de comparaison, ils dénoncent tous le pluriel : DauCH  QNea (pareils), PRaHèL  QNea (semblables), KHoS  QNea (différents), SMaeu  QNea (égaux), ToaS  QNea (en désaccord), BèK  QNea (séparés), BèK-BaaK'  QNea (divisés), etc.

LES SIX
COMMANDEMENTS
REFORMING
OUR BUDDHISM
ROMAN
POLITIQUE
DIEU vs
BOUDDHA
GRAMMAR
Introduction
GRAMMAR
(NEXT)
PEN Nearovi, Montréal, Québec, Canada
(nearovi@sympatico.ca)