Réformer le bouddhisme khmer    
 
   
 

A - LE POURQUOI

        Le 17 avril 1975, en termes monothéistes, Dieu a puni toute la nation khmère (ou ne l'a pas protégée). En termes hindo-bouddhistes, tous les Cambodgiens ont commencé de vivre leur mauvais karma accumulé durant les siècles précédents. «Donc, la religion bouddhiste embrassée par les Khmers n'a pas profité à ces derniers», s'interroge-t-on ? La réponse est que «le bouddhisme n'a rien à se reprocher mais les actes de ceux qui se disent bouddhistes». À quoi bon de connaître par coeur kamé sumicchacar ... et continuer de tromper sa ou son conjoint ? À quoi sert de demander aux bonzes le 2e Commandement (Tu ne voleras point) et accepter ou exiger des pots-de-vin des hommes d'affaires ?
        Même le clergé bouddhiste cambodgien a été décimé, et aucun Khmer rouge (y compris Pol Pot) n'a été absorbé vivant par la Déesse Terre. Il y avait donc quelque chose qui n'allait pas dans la pratique du bouddhisme khmer. Effectivement, beaucoup de choses ne vont pas, encore aujourd'hui, et chez les laïques cambodgiens et chez les moines bouddhistes cambodgiens.

B - LES LAÏQUES À LA MAISON

        Dans toutes nos cérémonies, nous commençons par présenter nos respects, sincèrement ou machinalement, à Bouddha (incluant Dharma, la doctrine et Sangha, le clergé) en récitant les versets appropriés et en nous prosternant trois fois devant sa statue (ou ce qui est censé le représenter). Personnellement, je ne crois pas que ces simples gestes attirent le plaisir et la protection de Bouddha (et de Dieu, quant aux monothéistes posant les gestes équivalents). Un incroyant ou un athée qui, de toute sa vie : 1) n'a tué personne, 2) n'a volé personne, 3) ne mentait à personne, 4) n'a pas commis d'adultère et 5) ne consommait ni drogue ni alcool, recevrait vraisemblablement plus de bénédiction de Bouddha (et de Dieu) que n'importe quel bouddhiste moyen (ou chrétien moyen). Vient après le salut la demande des Sila, des Commandements. Encore faudra-t-il les appliquer ...
        La suite n'est nullement écrite dans le Tri Pitaka [i] mais fait partie de la tradition, que ce soit la bénédiction des mariés ou la transmission des mérites au défunt. Combien de lycéens cambodgiens, à la veille des examens du bachot ou du DESPC, reçoivent de l'eau bénite censée les faire réussir ? Est-ce là du bouddhisme, ou est-ce de la superstition ? Même question aux restaurateurs et détaillants qui invitent des bonzes à bénir leurs boutiques. Combien de militaires et de policiers mouraient ou sont blessés tout en ayant le corps bardé de talismans ou les poches remplies de serviettes magiques ? Vous objecterez que c'était de la sorcellerie, non du bouddhisme. N'empêche que c'étaient des bonzes qui ont confectionné et "certifié" ces objets en y insufflant, contre de l'argent, leurs mantra et gatha, les formules magiques.

C - LES RELIGIEUSES BOUDDHISTES

        Reconnaissons que nous, les babyboomers, sommes moins pratiquants que nos parents et beaucoup moins que nos grands-parents. Les vieux couples se faisaient plus pieux une fois par semaine (à chaque demi-lune) en demandant (avec ou sans bonzes) et en observant huit Sila, les cinq restrictions mentionnées au paragraphe précédent plus les suivantes : pas de repas du soir ni les spectacles et plaisirs de la nuit.
        Les vieilles dames seules (veuves, divorcées ou célibataires), qui voulaient finir leur vie dans la sérénité et la piété, pouvaient observer dix Sila et ce, chaque jour, les deux dernières règles étant : vêtements sobres et rasage du crâne, voeu de pauvreté en ne détenant ni biens, ni bijoux, ni billets de banque. Elles devaient cependant s'arranger au préalable (avec la famille) pour avoir de quoi manger une fois par jour et avoir où s'abriter (seule ou avec d'autres religieuses). Généralement, elles avaient leurs quartiers pas loin mais à l'extérieur des pagodes où elles exprimaient leur dévotion et apprenaient, éventuellement, la méditation.

D - BOUDDHA ET LE CHEMIN DE SIDDHARTA

        Avant de chercher la spiritualité et devenir le bouddha (l'éveillé, l'illuminé), Siddharta avait tout : un royaume, le pouvoir, la richesse, une femme et un fils, probablement des concubines, bref tout ce dont pouvait rêver un homme. Il ne savait pas encore que, de par son karma, Dieu l'a choisi pour propager les messages divins, comme Moïse a été choisi sept siècles auparavant. Une nuit donc, Siddharta avait eu la vision du cycle éternel de la vie et de la mort. Comment lui, un prince héritier, un roi, devait vieillir, souffrir et mourir comme tout le monde ? L'inspiration divine lui montra un chemin qui mena à un autre royaume, Celui des Cieux, qui contient même une place à part, le Nirvana, le Néant, la paix absolue - ni vie ni mort. Ce chemin est celui de la spiritualité et du renoncement. Puisque Siddharta avait déjà une haute conscience de l'impureté de la substance humaine [ii], il choisissait sans hésitation cette voie du renoncement, abandonnait tout (femme, fils et richesse) pour devenir un simple prêcheur, se déplaçant de village en village, n'acceptant de ses hôtes que quelques boulettes de riz pour survivre au jour le jour, donnant à ceux-ci en contrepartie ses enseignements sur les mystères de la vie, sans oublier de répéter chaque fois les Cinq Commandements semblables à ceux reçus avant lui par Moïse l'Égyptien et que, six siècles après lui Siddharta le Bouddha, un autre prêcheur nommé Jésus le Christ allait à son tour répéter aux gens d'une autre région du monde. Bouddha, l'Éveillé, meurt à 80 ans et ne renaîtra plus jamais ; il est heureux dans le Nirvana, lieu qu'il a toujours voulu (et agissait pour) depuis ses vies antérieures.

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[i] Tri Pitaka : Bible du bouddhisme, comprenant trois livres : les Sutra (versets et prières), les Vinaya (règlements) et l'Abhidharma (haute doctrine) dont certains chapitres seraient de véritables traités de biologie et de biochimie de l'époque.
[ii] L'homme n'a de Dieu que l'image, non la substance. Des humoristes et des mauvaises langues disaient que Siddharta avait jusqu'à horreur d'avoir à aller chaque matin aux toilettes. Les bonzes cambodgiens en savent quelque chose. Demandez-leur de vous montrer leur attirail de propreté.

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