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Comment reconstruire
le Cambodge... et le Canada

© Copyright 1996         

DÉSILLUSION

CHAPITRE SOIXANTE-ONZE

     Après leur rencontre amicale de tennis au centre Claude-Robillard, Yèm Say et André Tremblay prennent ensemble un souper chez ce dernier qui n'habite pas loin du complexe sportif, sur la rue Saint-Hubert. André, qui a visité l'Inde et le Népal, s'intéresse au bouddhisme et à la méditation.
     - Donc les bouddhistes croient à la réincarnation?
     - C'est la base même de la religion! répond Say. Ce que tu vis dans le présent est le résultat de ce que t'as fait dans ta vie antérieure.
     - Le karma!
     - C'est ça! Karma en sanskrit ou kamma en pali.
     André verse le café dans les tasses, arrête la cassette de musique classique -dont il raffole- et allume le poste de télévision.

     À Ottawa, en cette soirée de novembre, ça chauffe! Les onze dirigeants canadiens se réunissent pour discuter de l'économie mais ce sont les Accords constitutionnels du Lac Meech qui prennent la vedette. Ces documents ont été conclus en 1987 mais restent encore à être ratifiés par les Assemblées législatives des provinces. Or, entre-temps sont arrivés sur scène trois nouveaux premiers ministres qui n'ont pas participé aux négociations.
     "Les Accords du Lac Meech tels qu'ils sont ne sont pas acceptables pour Terre-Neuve!" affirme le premier ministre Clyde Wells.
     De son côté, le chef du gouvernement du Québec, Robert Bourassa, n'accepte aucun changement dans les accords, ces derniers donnant au Québec "le minimum voulu pour rester dans la Confédération." C'est l'impasse.

     - Et Bouddha, est-il un dieu?
     - Non! Il était un homme comme toi et moi, il était même marié et avait un enfant. C'était un roi dans le Népal, son vrai nom était Siddharta.
     - Il faisait donc la méditation pour atteindre le Nirvana, le paradis bouddhique?
     Say pose sa tasse sur la table et explique:
     - Il aspirait à beaucoup plus que le paradis! Le Nirvana c'est le Néant où il n'y a ni vie ni mort, c'est la paix absolue. Siddharta ne voulait pas de la vie, laquelle conduira inévitablement à la mort. Il ne voulait pas avoir à renaître et remourir encore et encore. Voici comment le roi comblé et insouciant se mettait à penser à son salut. Il se leva une nuit avant l'aube pour aller voir un peu sa capitale. Traversant son palais, il voyait les corps dénudés des servantes et des laquais qui dormaient sur le plancher: il trouva que la vie c'étaient les désirs, les passions, les besoins.
     «Dans la rue, il voyait un vieillard qui s'acheminait péniblement en s'appuyant sur sa canne: le roi se rendit compte que naître c'est pour vieillir. En un autre endroit, un malade gémissait de douleur: Siddharta voyait que vivre c'est souffrir. Dans un champ, c'est un cadavre que la famille, larmoyante, incinérait: le monarque comprit qu'il avait à mourir lui aussi. Enfin le roi vit un religieux, l'air serein, détaché, heureux: Siddharta venait de trouver la voie! Pour échapper à la mort, à la maladie et à la vieillesse, il faut échapper à la vie. Et pour échapper à la vie il faut renoncer aux besoins, aux désirs et aux passions que celle-ci engendre!
     - Pas jusqu'à refuser de manger et de se laver! objecte André.
     - Il a essayé de le faire! Il est devenu tout maigre et tout sale, mais il n'a pas trouvé la clé de l'Illumination.
     - Mais oui! s'exclame André. Je me rappelle avoir vu ces statues de Bouddha barbu et maigrelet!
     - C'est ça! C'est pendant qu'il faisait le tukkha kiriya, la pénitence. Un ange, joueur de vielle, venait alors lui donner un récital. La corde de la vielle n'étant pas assez tendue, le son n'était pas agréable. L'ange augmenta alors exagérément la tension et la corde se rompit. C'est quand la nouvelle corde fut tendue à la juste mesure que la musique retentissait délicieusement. Et Siddharta saisit la parabole.
     - In medio stat virtus!
     André cite un dicton latin et ouvre une boîte de biscuits.
     - C'est ça! La vertu est au milieu.
     Say approuve, se sert et continue:
     - Il acceptait alors de faire sa toilette, mangeait les boulettes de riz qu'on lui offrait puis allait s'asseoir sous le banian où il méditait et trouva enfin l'Illumination.
     - D'où le nom de Bouddha, l'Illuminé! conclut André.
     - Ou encore l'Éveillé! complète Say.

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LES SIX
COMMANDEMENTS
REFORMING
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GRAMMAIRE
KHMÈRE
GOD vs
BUDDHA
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