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le Cambodge... et le Canada © Copyright 1996 FOLIE DES GRANDEURS- Et ce fut le déclenchement de la décadence de l'empire khmer! remarque Monty. D'abord les Siamois saccageaient Angkor puis Lovèk ¹. Ensuite nos deux voisins de l'ouest et de l'est combinaient leurs stratégies d'invasion, de sac et de grignotage subtil. Les prétendants cambodgiens au trône s'alliaient qui aux Siamois qui aux Annamites ² et se faisaient des guerres civiles meurtrières. Le territoire khmer se rétrécissait à vue d'oeil pendant que la population croyait que c'étaient ses kamma de vivre ainsi tous ces malheurs!- Non, mais sérieusement! Tu rejettes toutes les fautes sur la religion bouddhique? - Je constate, c'est tout! répond la femme. Au village natal de mon père, où l'on avait l'habitude de passer des vacances deux ou trois fois par an, les voisins de mes grands-parents étaient très pauvres. Eh bien! Ils réussissaient à aller quotidiennement à la pagode, un bol de riz dans une main, un bol de soupe dans l'autre et en offrir aux bonzes. Ils pensaient bâtir un phala pour leur prochaine vie, après leur mort, alors qu'ils pouvaient et devraient se faire marchands ambulants, vendre ces aliments et faire un profit, pour la vie en cours! - M'ouais! fait Say, songeur. Ça peut se défendre. Notre société a besoin d'une réflexion autre que la devise bouddhique: Naître, Vieillir, Souffrir, Mourir. Mais reconnais quand même que chacun doit avoir la liberté de croyance! - Chacun, chaque Khmer, oui, individuellement! Pas l'État khmer! L'État n'a pas à être religieux! - Ben, tiens! La séparation de l'Église et de l'État! Nos dirigeants ont toujours utilisé l'Église pour berner la population. Les rois faisaient croire qu'ils obtenaient leur pouvoir de Brahma ou de leur kammaphala... - Les ministres allaient à la pagode et récitaient bien les prières. Mais chez eux et dans leur bureau, ils bafouaient allègrement les Cinq Commandements de Bouddha! - Ouais! Je suis d'accord que l'Église doit être retournée aux seuls bonzes. Qu'ils se réorganisent, élisent leurs chefs et révisent leurs règlements. Dis-moi pourquoi le chef des moines bouddhiques doit être nommé par le roi ou le gouvernement? - T'as raison! - Mais contrairement à toi, je ne suis pas convaincu que la religion peut influencer profondément le destin de tout un peuple! - Peut-être pas à elle seule! Mais on peut toujours faire des constatations historiennes. Connais-tu l'histoire du Champa? ce royaume jadis brahmano-bouddhiste disparu à la fin du XVIIe siècle et remplacé par l'Annam? - Et peuplé de Malayo-Polynésiens reconvertis à l'islam? Oui, un peu. - Eh bien! Pendant que le Tonkin ³ était encore confiné au delta du fleuve Rouge, son voisin du sud, le Champa, était un État puissant et fut même le premier à envahir et saccager Angkor, en 1177. Répondant à cette attaque-surprise, l'armée khmère occupa le Champa. Mais au XIIIe siècle, le roi Indra Varman, par bonté bouddhique, retira les troupes d'occupation. Bonté bouddhique mais erreur politique! Le Kampuchea venait de perdre un État tampon! Les Tonkinois se mettaient à envahir le Champa, l'avalèrent, grignotaient le Kampuchea Kraum et achevèrent leur marche vers le Sud avec la Conférence de Genève de 1954 qui reconnut les deux Vietnams. En janvier 1979 ils essayaient leur marche vers l'Ouest: les divisions blindées de Hanoï furent à la frontière thaïlandaise. ________________ ¹ Troisième capitale, au sud des lacs Tonlé Sap. ² Annam: Centre-Vietnam (et ex-Champa). ³ Berceau du peuple vietnamien, au sud-est de la Chine. |
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