Pen Sovann : D'un jour à l'autre, ce que j'attendais se montrait de plus en plus chimérique. Le 13 décembre 1981 vers 9 h du matin, M. Lê Duc Tho, membre du Politburo du PCV, venait à la prison [cellule noire] mais je ne savais pas d'avance. J'étais assis, assoupi sur la table quand j'entendis un claquement sec. Quelqu'un a frappé sur la table, je sursautais, levais mes yeux et vis Lê Duc Tho. Il pointa son doigt sur mon visage et parla à haute voix : "Je n'ai jamais pensé que vous auriez agi contre nous! Savez-vous que notre armée dans votre pays compte encore 180.000 hommes? Ne croyez pas que vous pouviez mener votre pays comme vous l'entendiez! Même si votre pays a une structure de parti et d'État, il est encore entre nos mains.
Attendez de voir plus tard. Même quand il n'y aura plus d'armée d'occupation, si quelqu'un ose s'échapper de nos mains, nous l'écraserons, nous étoufferons toute révolte dans l'oeuf! Vous avez étudié plus que les autres la doctrine communiste, mais quand vous étiez au pouvoir, votre édification nationale et votre politique économique déviaient du communisme et quittaient la voie socialiste. Ainsi, chacun de nos experts qui allaient aider votre pays ne pouvait pas suivre vos procédés car vous n'obéissez pas aux règles économiques socialistes.
C'est pourquoi votre parti vous a chassé et démi de vos fonctions de chef de parti et de gouvernement. Ils ont réagi à la mesure de vos actions qui ont dévié du socialisme. À cause de ces fautes, je déclare que vous aurez à demeurer ici, sans droit et sans liberté, jusqu'à la fin de votre vie!". Après environ quatre ou cinq minutes de ces mises au point, M. Lê Duc Tho se levait et quittait la cellule. Quant à moi, je n'ai répondu à aucun de ses arguments. [Lu dans, extrait et traduit de CNSP's Bulletin Février 2004]

Kumnith : My own uncle spent years in Kouk T-9 of the VN/CPP until UNTAC came in, after refusing to "cooperate" with the VN. He ate prison rats, maggots, would pass out whenever they open the cell door from the Kouk Lgneut. Now he never spoke of these sufferings and did not bear grudges against his VN gaolers. However he did mention to me the re-education seminars led by the VN prison guards where they specifically told him that  "now they will never let Cambodia go and that his resistance to the historical fait accompli is a futile attempt against history". He never wavered to the detriment of his family and his own well-being was forever following his conscience. Anyway, based on what he told me of the re-education process, Mr Pen Sovann's excerpt is very believable.

N.P. : Your uncle was a hero. Pen Sovann has played the hero and paid for it because -- as Le duc Tho reminded him -- 180.000 bodois were still on Cambodian soil. I'm curious to see whether Tho (or his successor) will once again fulfill their prediction : "Nous écraserons toute révolte dans l'oeuf!", now that there is officially no more Viet occupation army in Cambodia. Would CPP members of Parliament dare nullify past treaties? Or are they (Hun Sen included) only "des pleutres" (Pierre Elliot Trudeau dixit) who cowardly fear assassination from Viet sleepers or 007-agents?

D.S. : I believe Kumnith' s uncle who is always sincere. I knew him well when we were students at Sisowath and in Paris. I had a long phone conversation with him lately when he came to the US. C'est toujours "la vérité qui blesse" pour certains.

N.P. : Yes, la vérité blesse. Mais hélas elle ne blesse pas les "Moukh Kras" du CPP parce qu'on les appelle tous "Samdech" ou "Excellences", alors qu'en réalité ce ne sont que des voleurs et des lâches. Mais, encore hélas, ils ont des alibis et des prétextes : "Vous oubliez Pol Pot?", "Mais regardez la famille royale!", etc. J'espère que nos compatriotes prennent exemple sur Haïti !

D.S. : Je suis entièrement de votre avis. Mais nos compatriotes sont vraiment à bout en vivant sous la menace des hommes armés de Hun Sen. Que votre souhait soit exaucé et que le règne des dirigeants écervelés prenne fin! Seule notre solidarité à l'extérieur semble pouvoir les encourager à réagir comme les manifestants à Port-aux-Princes.

N.P. : Ainsi soit-il !