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Plus de 800 ONG sont accusées de piller l'aide internationale
(2004-juin-26)
Le Fonds monétaire international dénonce
la dérive mafieuse de l'Etat cambodgien
Le Figaro : Phnom Penh - Près d'un an après les
élections législatives de juillet 2003, le Cambodge n'a toujours
pas de nouveau gouvernement, l'administration est paralysée, et
l'irresponsabilité de la classe politique locale a transformé
le pays en jardin enchanté des trafics en tous genres. L'aide internationale
est pillée, siphonnée pour moitié
(260 millions de dollars) par 800 «organisations non gouvernementales»
(ONG) créées pour la circonstance (1). C'est
ce que soutient le Fonds monétaire international (FMI), qui vient
de commettre sur le Cambodge un rapport d'une rare violence, qualifiant
ce pays, sans l'écrire cependant, d'Etat mafieux. Le rapport
n'a pas été publié, mais il a été longuement
présenté à la mi-mai au ministre cambodgien des Finances,
Keat Chhon. Rien n'indique cependant que ce document, très
inhabituel par sa sévérité (en décembre 2003,
le Cambodge avait été qualifié de «bon élève»
par le même FMI), ne serve pas des desseins politiques. A savoir
permettre au premier ministre Hun Sen, appuyé par son ministre
des Finances, de créer un choc salutaire et de former enfin une
nouvelle équipe, et permettre à l'Assemblée nationale
de siéger.
Le FMI fustige l'administration khmère
principalement pour une raison : alors que l'aide internationale irrigue
très convenablement les finances publiques, l'Etat khmer ne joue
plus son rôle, et la pauvreté prend dans tout le pays des
proportions alarmantes. Au Cambodge, 80% de la population vit en zone rurale,
et dépend de l'agriculture. Cependant, le pourcentage d'utilisation
des 6,5 millions d'hectares cultivables (36% du territoire) diminue. Il
est passé à 2,1 millions d'hectares, et 300 000 hectares
seulement sont encore irrigués. Un paysan
sur dix a en main un titre de propriété, et les riches citadins
ne se gênent plus pour confisquer des terres, intimider les agriculteurs,
et les faire fuir. La forêt cambodgienne, au mépris
de toutes les lois, continue d'être saccagée. La croissance
en 2003 (5,3%) avait été soutenue, parce que les récoltes
avaient été remarquables. «A moyen terme, souligne
le FMI, les perspectives de développement du secteur primaire ne
sont pas encourageantes», car aucun plan d'action de soutien
de l'agriculture n'a été mis en place. Il faut donc s'attendre,
dans les prochaines années, à un vaste exode des paysans
vers les villes, au moment où la disparité entre riches et
pauvres fait un bond considérable.
Le paradoxe de la situation, est que c'est l'aide internationale qui contribue,
indirectement, à ce gâchis. C'est en tout cas la manière
dont cette aide est détournée qui crée cette conjoncture
néfaste. En 2003, le Cambodge a reçu 550 millions de dollars
déboursés, pour moitié au titre de l'aide multilatérale,
pour l'autre moitié par des dons bilatéraux. Sur ces 550
millions, souligne le FMI, 46% (260 millions de dollars) ont servi à
payer «l'assistance technique». Un terme pudique pour
désigner les rapports d'«experts internationaux»,
sur ce que le gouvernement cambodgien devrait faire. «C'est un scandale,
s'insurge un fonctionnaire européen. La loi cambodgienne oblige
les cabinets d'audit internationaux à s'associer avec des Cambodgiens,
et cela se fait à travers 800 ONG qui vivent
chacune le temps d'une étude sur tel ou tel sujet. L'argent
s'évapore ainsi ? il n'est pas perdu pour tous ! ? à travers
ces ONG, et les rapports sans intérêt s'accumulent, inutiles,
dans des bureaux où les fonctionnaires ne
travaillent plus à autre chose qu'à faire ainsi grossir leurs
fortunes.»
Le FMI appelle donc le Cambodge, et les pays donateurs, à faire
cesser ces pratiques, à ne plus commander des travaux d'experts,
pour concentrer l'aide internationale sur les besoins immenses de l'agriculture.
Cela passera par la réhabilitation du cadastre,
par le fait qu'on rende aux paysans les terres dont ils ont été
spoliés, par un programme d'infrastructures routières
(routes et pistes agricoles) pour désenclaver les zones de production,
par la construction de silos et de magasins pour stocker les récoltes,
par «la mise en place d'une mercuriale garantissant aux agriculteurs
un prix minimal à la production». L'inquiétant
pour les institutions internationales est que le Cambodge devienne un
Etat de non-droit. Déjà, les salaires
des fonctionnaires décédés continuent d'être
payés. Les industriels sont rackettés en permanence
par les fonctionnaires vivants. L'octroi et le financement des marchés
publics se font dans la plus parfaite opacité. Aujourd'hui, 60%
des carburants consommés dans le pays y sont entrés en contrebande.
Le «gouvernement» vend tout, dérogations, exemptions.
Le spectacle du gigantesque casino Ariston (un groupe de Chinois malais)
qui pousse sur vingt étages de hauteur en plein centre de Phnom
Penh, au mépris de la législation locale, illustre que le
pays est déjà complètement gangrené par la
corruption de ses élites.
Le FMI, même dans les pays aussi
mal partis que le Cambodge, n'a pas l'habitude de mettre ainsi le fer dans
les plaies. Une hypothèse est que ce rapport lui permet de prendre
date, de ne pas se faire accuser plus tard de n'avoir rien dénoncé,
au moment où les Etats-Unis s'apprêtent
à investir le pays (Washington bâtit à Phnom Penh une
ambassade pour 200 à 300 fonctionnaires). L'autre hypothèse
est que ce rapport sert le premier ministre Hun Sen, qui devra après
la formation d'un nouveau gouvernement en finir avec les «avantages
acquis» qu'il a concédés à ses adversaires politiques,
pour les amadouer.
[ François Hauter ]
_____________
(1) 1 400 ONG sont installées au Cambodge.
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